vendredi 26 janvier 2007

Pas d'idées pour ce post :)

Ce post avait pour but originel de décrire mes 10 films préférés. Et bien vu la taille de mes descriptions, je me suis arrêté à trois, choisis parmi les moins connus de mes films préférés :)

Le roi et l'oiseau
Paul Grimault et texte de Jacques Prévert.

Le roi et l'oiseau est une adaptation du célèbre conte de d'Andersen : la bergère et le ramoneur. Dans ce film, une charmante bergère et un petit ramoneur - de rien du tout - sont recherchés par sa majesté le roi Charles V et Trois font Huit et Huit font Seize, de Takicardie. Takicardie, c'est un royaume imaginaire, dont l'exubérance architecturale n'a d'égale que la taille de son palais et la suffisance de son souverain. Dans le royaume de Takicardie, il n'est pas rare de voir les personnages des tableaux prendre vie, des trappes se cacher derrière chaque dalle des carrelages et des robots géants et invincibles qui détruisent tout sur leurs passages. Dans le royaume de Takicardie, une police omniprésente tente de mettre la main sur une Châârmante bêêrgère, et un petit ramoneur - de rien du tout - tandis que sa majesté le roi Charles V et trois font Huit et Huit font Seize, va flâner dans Les Grands Ateliers du Roi, Les Asiles de Nuit du Roi, Les Salons de Coiffure du Roi Les Bains de Vapeur du Roi ou encore Les Grandes Eaux Lumineuses du Roi. Pendant ce temps le petit peuple croupis dans Les Prison d'état du Roi, Les prisons d'été du Roi, les prison d'hivers du Roi, Les prisons d'automne et de printemps du Roi ainsi que dans les bagnes pour petits et grands (du Roi).

Vous l'avez compris, Ce film affiche clairement une opposition entre la ville Basse et la ville Haute, entre la misère du pauvre monde et la tyrannie des grands. Un contraste entre deux éléments : La ville souterraine des pauvres et des opprimés, et la ville terrestre du roi et des riches. Ce contraste n'est pas sans rappeler celui de Metropolis, ou encore celui existant dans Gumn entre la Décharge et Zalem (Zalem, une ville paradisiaque située au sommet d'une grande et inaccessible tour). Ce film n'est donc pas extraordinaire de par le caractère novateur des thèmes abordés (injustice, liberté, etc...). Il est en revanche extraordinaire de par la façon dont ces thèmes sont abordés, c'est à dire avec une très grande poésie, qui se marie à la perfection avec un humour délicieusement décalé. Le tout dans une grande simplicité, qui amène ce film à mon sens, au rang de chef-d'oeuvre du septième art. Mais attention, ce n’est pas pour ça que c'est chiant. Tout comme dans les films d'action avec Tom Cruise, on n’a pas à se prendre la tête pour voir ce film, et on ne s'ennuie jamais.

Mais cette fois, le rôle de Tom Cruise est joué par un oiseau, ou plus exactement par l'Oiseau. L'Oiseau qui va aider notre charmante bergère et son bien-aimé le pauvre petit ramoneur, à échapper à la jalousie de sa Majesté le roi Charles V et Trois font Huit et Huit font Seize, de Takicardie. Car comme tout un chacun le sais, les Rois sont fait pour épouser les bergères, et les bergères pour épouser les Rois. C'est dans l' ordre des choses et sa majesté compte bien que l'ordre des choses ne soit aucunement troublé. Et surtout pas par un petit ramoneur (de rien du tout).

Arizona Dream
Emir Kusturica, janvier 1993

Il y a des films durant lesquels il se passe une foule de chose tout le temps, mais qui manquent cruellement de profondeur. Et puis il y a des films où il ne se passe rien de vraiment particulier, mais qui nous font rentrer petit à petit dans une complexité caché, qui nous suggère habilement une foule d'images derrière les images, et derrière une histoire, au premier abord aussi banal que la vie de monsieur tout le monde. Arizona Dream et de ces films. Axel (Johnny Deep) recense les poissons de New York pour le compte du département de la pêche et de la chasse. Il est orphelin, et c'est son oncle Léo (Jerry Lewis) qui l'a élevé. Léo va se marier et demande à Axel d'être son témoin. Ce dernier arrive alors en Arizona avec son ami Paul léger (Vincent Gallo) et il aide son oncle à vendre des Cadillac. C'est là qu'il rencontre Elaine (Faye Dunaway) et sa belle fille Grace (Lili Taylor). On rentre petit à petit dans cet univers, où chacun semble vivre à travers ses rêves. Paul léger rêve de devenir une super star hollywoodienne, Elaine rêve de voler et de rajeunir, Grace court après l'amour et rêve de se réincarner en Tortue, l'oncle Léo rêve d'effacer sa dette envers axel et d'empiler des voitures jusqu'à la lune, tandis qu'Axel, lui ne rêve que d'une vie simple dont il serait le seul maître.

Ce film est lui aussi emprunt d'un humour décalé, allégeant un peu la gravité des deux autres thèmes principaux abordé après celui du rêve : La mort et l'amour. Cependant, derrière ce ton léger et drôle, ce film est quand même assez tragique. Personne ne vit la réalité, chacun est enfermé dans son monde, et ne cherche pas plus à comprendre les autres qu'il n'arrive à se faire comprendre des autres, ce qui donne des diners parfaitement burlesques où Johnny Deep essaye de sauver Lili Taylor qui tente de se pendre au plafond avec un collant, tandis que Faye Dunaway clame qu'en Papouasie on apprécie l'expérience et la maturité des femmes approchant la ménopause, et que Vincent Gallo en profite pour jouer grandiloquement une scène dramatique d'un de ces films préféré, qui de son point de vue colle parfaitement à la situation. (Bon, peut être que grandiloquement ça existe pas, mais ça me plaisait comme mot).

Vous l'avez compris, ce film semble parfois n'avoir ni queue ni tête. (Johnny Deep faisant la poule sur une table à roulettes pendant que Lili Taylor joue de l'accordéon clope au bec. Ou encore Paul léger se projetant dans le film de Hitchcock, la mort au trousse, et évitant des avions fictifs devant l'air incrédule d'un public qui ne voit qu'un homme bizarre se jetant brusquement par terre sans raisons apparentes). Mais tout le prodige réside dans le faite que cette absurdité apparente, ce surréalisme délirant est en même temps porteur de sens, et vient titiller des questions qui sont parmi les plus profondes de l'existence. (Les relations humaines, Le sens de la vie, le sens de la mort, le suicide, qui selon Albert Camus est la seul question véritablement sérieuse en philosophie).

Est-il besoin de le préciser ? Dans ce film les acteurs sont tous géniaux, la B.O. est magnifique (mélange de chœurs slaves, de guitare saturée et d'Iggy pop). Ce film rentre lui aussi à mon sens dans la catégorie des chefs d'œuvres du septième art.


Les démons de Jésus
Bernie Bonvoisin, Janvier 97

"Il était une fois dans l'ouest... la banlieue ouest"

Dans la famille à Jésus, on ne mâche pas ses mots et on fait pas dans la subtilité ("Moi la beauté intérieure ça m'intéressera quand j'aurais un œil au bout de la bite"). Dans la famille à Jésus, on n’est pas éduqué, et on n’a pas inventé l'eau chaude. Par contre, on n’a pas intérêt à lui gauffrer les fraises à Jésus. Parce que jésus c'est pas un rigoleau, et puis son frangin Néné non plus. Si vous lui cherchez des crosses à Jésus il pourrait bien vous chier à la gueule. Jésus et sa famille, c'est des gens du voyage comme on dit. Mais en 1968, ils se sont installés dans un pavillon de banlieue, sur un terrain vague. Le père, Joe, passe ses journées à picoler et à critiquer cette société pourrie et ce monde de merde :


Le Facteur : "eh! Une enveloppe, si tu y mets pas de timbre, elle part pas !"
Joe : "Il est hors de question que je lèche le cul de la république !"

Jeannot, le petit dernier veux bruler les étapes et fait l'école buissonnière ("Moi j'veux niquer la vie avec la haine dans les yeux"), Ernest va glander à la Fac, tandis que les inséparables Néné et Jésus collectionnent petites combines et gros ennuis. Reste Rita, la mère courage qui se coupe en quatre pour essayer de tenir la maison, et Mari, la belle frangine est la seul à travailler, à vouloir s'en sortir et à vouloir se barrer de ce trou pourri où tout l'insupporte ("j'ai l'impression que t'hésites entre te faire pousser les jambes ou acheter une jupe... c'est ambigüe comme sensation, non ?").

Dans la famille à Jésus, on vivote, la vie est dure et on est dur avec la vie. On s'en prend plein la gueule, alors on est méchant et agressif, souvent sans trop savoir pourquoi. Question d'habitude en fait. On se tape sur la gueule et surtout sur celle de ses voisins. Les voisins, ces putains de ritals qui crèchent dans la caravane d'à coté, avec leur putain de d'attardé mental ("ça ce voit qu'on a affaire à une race de bâtisseurs, r'garde moi ça, pas une faute de goût"). La famille à jésus est toute pétrie de méchanceté, de stupidité et de sectarisme. Mais elle reste un bel exemple de solidarité. On se tape sur la gueule, mais on se jetterai au feu pour protéger les siens ("Tu fais p'tet qu'est-ce que tu veux, mais moi j'crois qu'tu fais pas qu'est-ce que tu dois !"). On est méchant sans trop savoir pourquoi, mais on est quand même mieux ensembles que tout seul, et on prend la vie du bon coté ("j'vais me faire un casse dalle et je vais me pieuter comme un enculé").

Dans ce film, il n'y a ni héros ni gentils. Juste des portraits de gueules cassées par la vie. Un vrai western en banlieue parisienne où chacun a sa part de bon, de brute et de truand. C'est un film violent, surtout psychologiquement, et drôle. Très drôle. Vous l'aurez compris, ce film fourmille de répliques cultes. De dialogues irrésistibles. Audiard est un Pédé. Keskispass ! Ce film est drôle, et il "sent" le vrai, il sent la vie. La chienne de vie. Les acteurs sont tous très bons, parfaits dans leurs rôles. Je ne sais pas si on peut le placer comme chef d'œuvre du septième art. Disons que ça pourrait presque être adapté en pièce de théâtre, et que la beauté de la réalisation n'est pas spécialement le critère dominant de ce genre de film. Un véritable bijou du cinéma français.



Voilà, si vous n’avez pas vu ces films allez les voir :) Si vous avez aimé, envoyez-moi un courriel

3 commentaires:

intuiste a dit…

ahhhh le Roi et l'oiseau, toute mon enfance... Tout a fait d'accord avec tes choix!! J'ai hate d'entendre les autres titres!

Anonyme a dit…

Combien on la reregardé le Roi, L'Oiseau, c'est un peu comme un tableau en trois dimension, sonore, visuel, spirituel. Maintenant, je mets des mots sur mes impressions. L'oiseau m'effrayait un peu, grosse voix folles, (souvenez vous de la berceuse), sourire défiant et faiblesses extrèmes. Je pense que l'Oiseau est fou, le presonnage le plus fou de l'histoire, fou de chagrin depuis la mort de son épouse (la tombe au début du film). Sa folie eclabousse son monde.
Eponna

Anonyme a dit…

met tes critiques sur allo ciné, si tu aime faire partager ton plaisir des bons films