Cacahuète : [...] En fait, les deuxièmes vies existaient déjà depuis l’an 2000. Second Life fut un des premier logiciel à proposer et à intégrer une convertibilité entre la monnaie du jeu et la monnaie du monde réel. Mais le marché a explosé quand Google a lancé son Google VirtualLife en 2015. En cinq ans, plus de 65% des individus ayant accès à internet dans le monde avait une deuxième vie. Et 50% d’entre eux avec GoogleVirtualLife. Aujourd’hui Google a le monopole des mondes virtuels, à travers de nombreuses filiales. Et tout le monde a au moins une deuxième vie. Enfin sauf chez les Darwinistes.
Edelweiss : Les Darwinistes ?
Cacahuète : C’est un ensemble d’états qui a prohibé les vies virtuelles. Ils pensent que l’avenir de l’humanité ne peut s’envisager que dans la réalité, et que les mondes virtuels sont une perversion technologique qu’il faut abolir.
Edelweiss : Et bien, n’ont-ils pas raisons ?
Cacahuète : Taisez-vous mon vieux, on est dans un pays libre, mais enfin quand même, On va massacrer votre avatar si vous dites des choses comme ça en public.
Edelweiss : Mon avatar ?
Cacahuète : Ben oui, ça fait bien longtemps que plus personne ne va réellement en prison, ou que les guerres ne se font plus qu’à travers les deuxièmes vies.
Edelweiss : Vous voulez dire que quand on commet un meurtre ici, on va en prison dans un jeu ? C’est complètement ridicule.
Cacahuète : Mais vous ne comprenez rien décidément. Ce n’est pas un jeu, c’est votre deuxième vie. Et non, quand vous commettez un meurtre ici, vous allez en prison ici. Mais ça fait aussi bien longtemps que plus personne ne commet de meurtres que virtuellement.
Edelweiss : Ca alors… c’est complètement incroyable.
Cacahuète : Vous ne semblez pas comprendre mon vieux. C’est un énorme progrès pour l’humanité. Personne n’est parfait, et chacun peut faire des choses condamnables. Avec Les deuxièmes vies, chacun peut laisser libre cours à sa violence et à sa haine virtuellement. La criminalité réelle est presque tombée à zéro.
Edelweiss : Mais… ça ne peut pas être aussi simple que ça. Les gens ne peuvent pas rester connectés à un monde virtuel toute la journée, ils ne peuvent pas manger virtuellement, dormir virtuellement, ou faire virtuellement l’amour ?
Cacahuète : Vous mettez le doigt, si j’ose dire, sur les trois limites principales des deuxièmes vies. Mais la pluparts des gens gagnent maintenant leurs argents avec leurs deuxième vies, et reçoive à manger directement chez eux, dans le monde réel. L’argent étant bien sûre débité dans le monde virtuel.
Edelweiss : Mais… alors les gens ne sortent jamais de chez eux ?
Cacahuète : Ils n’ont pas besoin, ils peuvent aller partout virtuellement
Edelweiss : Ils restent là tout seul à jouer toutes la journée ?
Cacahuète : Ils ne sont pas tout seul, ils sont tous ensemble dans un monde virtuel.
Edelweiss : Ils ne font pas de sport ?
Cacahuète : Mais qu’on-t-ils besoins de faire du sport ? Les gens se voient surtout virtuellement. C'est surtout leur deuxième vie que les gens ont besoin d'entretenir. Il n’est plus un handicap d’être obèse, moche, ou unijambiste. Vous pouvez modeler le personnage virtuel qui vous plait. C’est un progrès énorme.
Edelweiss : Et les enfants, comment les gens ont-ils des enfants ?
Cacahuète : La pluparts les ont virtuellement. C’est d’ailleurs devenu un gros problème ces dernières années. Les gens n’ont plus le temps de s’occuper de leurs enfants dans le monde réel, alors ils font des enfants virtuels pures. Mais depuis, la loi Juiot pour la natalité est passée, et le système garantie pour chaque enfant virtuel un enfant réel, créé en éprouvette à partir des informations génétiques des deux parents. Ceux-ci peuvent alors décider de l’élever eux-mêmes, ou alors de le laisser dans une structure très compétente, conçue pour élever ces enfants là.
Edelweiss : Un orphelinat géant vous voulez dire ?
Cacahuète : Mais non, aujourd’hui la quasi-totalité des enfants naissent dans cette structure. Ce n’est pas un orphelinat, c’est plus comme une grande famille qui va aider petit à petit les enfants à se former et à développer une deuxième vie épanouissante.
Edelweiss : Oh lala… Tient c’est étrange, un clochard avec des gardes du corps.
Cacahuète : Voyons, ce n’est pas un clochard. Bon, c’est vrai qu’il ne paye pas de mine comme ça, mais c’est Ogure le Magnifique. Il a levé une armée il y a une dizaine d’année, et conquit toute les terres du Nord en Alousique. Il a instauré un régime particulier. Les spécialistes étaient très sceptiques quand à la pérennité de son règne, mais aujourd’hui il est plus que jamais en place. Son pays est l’un des plus riches de toute la Kasouli centrale. Vous devriez prendre des cours d’histoire virtuelle accélérée mon vieux
Edelweiss : Oui, puis de géographie aussi. Enfin ça c’est virtuellement alors, parce que dans la vraie vie c’est juste un clodo avec des gardes du corps.
Cacahuète : Mais bougre d’âne. Ce n’est pas un clodo ! C’est Ogure le Magnifique !!
Edelweiss : héhé… ba oui… Ca se voit tout de suite quand on le regarde. On se dit : ‘tient, ya pas, ce mec il a une tronche de Leader. 1m60, des boutons plein a gueule, les cheveux gras, le front sale et une barbe de deux semaines.’
Cacahuète : Je vous interdis de parler de lui ainsi, son avatar mesure 1m85, il a de long cheveux blonds, et des yeux vers amandes, et j’ajouterai qu’il pourrait vous foutre une branlée dans un combat au sabre.
Edelweiss : Oui, bon, ben je ne voulais pas vous vexer mon vieux.
Cacahuète : Allez, venez. Je vous emmène faire un tour dans ma maison suspendue. Vous verrez j’ai une vue imprenable sur la forêt des trois coucous.
Edelweiss : … si vous le dites… Je vous suis dans deux minutes, il faut que j'envoie un courriel à Archimondain.
C'est donc grâce à ce courriel providentiel que je peux vous retranscrire, avec le professionalisme du grand reporter, cette conversation. Plein de bisous. ++